Publié le 15 jan 2025Lecture 2 min
Impact de la discordance patient-médecin sur l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde
Odile CHOUBERT, Toulouse
Lors du congrès de la Société française de rhumatologie, le Pr Cécile Gaujoux-Viala, rhumatologue au CHU de Nîmes, a présenté une étude menée sur la cohorte française ESPOIR. Cette recherche explore les conséquences des discordances entre l’évaluation des patients et des médecins sur l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde (PR) au cours des 5 premières années de suivi.
Les patients et les médecins perçoivent souvent différemment l'activité de la polyarthrite rhumatoïde (PR), comme en témoignent les écarts entre l’évaluation globale du patient (PGA) et celle du médecin (EGA). Cette discordance, qui peut influencer la rémission booléenne, un objectif clé de la prise en charge, mérite une attention particulière. Elle pourrait aussi avoir un impact sur l’évolution clinique et structurale de PR débutante.
Une étude menée dans le cadre de la cohorte ESPOIR, présentée au congrès de la Société française de rhumatologie, a exploré l’étendue et les raisons de cette discordance, ainsi que ses effets sur l’évolution de la PR au cours des 5 premières années. L’étude a inclus des patients avec au moins 2 articulations gonflées depuis moins de 6 mois, non traités par DMARD, et répondant aux critères ACR-EULAR pour la PR. Les visites ont eu lieu à l’inclusion, puis à 6 mois, 1 an, 18 mois, 2 ans, 3 ans, 4 ans et 5 ans. La discordance entre le PGA et l’EGA a été mesurée selon 3 critères : une différence absolue |PGA - EGA| ≥ 20, une différence |PGA - EGA| ≥ 20 avec PGA > EGA et une différence |PGA - EGA| ≥ 20 avec EGA > PGA. La discordance répétée a été définie comme une discordance significative (|PGA - EGA| ≥ 20) présente à plus de la moitié des visites précédentes. La méthode Bland-Altman et des analyses multivariées ont été utilisées pour évaluer la concordance entre le PGA et l’EGA et identifier les facteurs associés.
Parmi 645 patients atteints de PR débutante (âge moyen : 48,8 ans, 77 % de femmes, 48,7 % ACPA+), 30 % présentaient une discordance significative à l’inclusion, dont 24 % avec un PGA plus élevé et 6 % avec un EGA plus élevé. La discordance était plus fréquente en cas de forte activité de la maladie et augmentait avec le temps (9,6 % à 1 an, près de 25 % à 5 ans). Des facteurs comme la fatigue, une composante mentale altérée ou le fait de vivre seul contribuaient à cette discordance. Les conséquences cliniques incluent une rémission moins fréquente, une stabilité fonctionnelle réduite, une qualité de vie altérée et une progression radiographique plus rapide.
Ces résultats soulignent l’importance de comprendre et de réduire cette discordance en adoptant une approche collaborative entre patients et médecins, intégrant à la fois les indicateurs objectifs et les ressentis des patients, pour améliorer la prise en charge et les résultats à long terme.
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