Maladies systémiques
Publié le 02 déc 2024Lecture 3 min
EULAR 2024 | Le traitement par CAR T-cells : une révolution dans les maladies rhumatismales auto-immunes
Présentés lors du congrès EULAR 2024, les CAR T-cells suscitent un intérêt croissant pour le traitement des maladies rhumatismales et musculo-squelettiques auto-immunes. Le Pr Georg Schett, expert en immunothérapie à l'université Friedrich-Alexander en Allemagne a mis en avant le potentiel des CAR T-cells, initialement développés contre les cancers hématologiques et désormais appliqués aux maladies rhumatismales auto-immunes telles que le lupus érythémateux systémique (LES), les myosites inflammatoires idiopathiques (MII) et la sclérodermie systémique (ScS). Cette approche innovante pourrait révolutionner le traitement de ces pathologies réfractaires aux traitements conventionnels.
Les maladies rhumatismales et musculo-squelettiques auto-immunes, telles que le lupus érythémateux systémique (LES), sont marquées par une auto-immunité persistante et des réponses inflammatoires chroniques. Le lupus, en particulier, est une maladie complexe caractérisée par une production incontrôlée d'autoanticorps dirigés contre divers constituants cellulaires. Cela mène à des inflammations systémiques et des atteintes d’organes, notamment des articulations, des reins, du cœur, et du système nerveux central.
Les CAR T-cells (Chimeric Antigen Receptor T-cells), initialement développés pour traiter les cancers hématologiques en ciblant les lymphocytes B, ont montré des résultats prometteurs dans le LES résistant aux traitements classiques. Ce sont des lymphocytes T génétiquement modifiés pour exprimer des récepteurs spécifiques des antigènes présents à la surface des lymphocytes B, notamment la protéine transmembranaire CD19. Ainsi, ils vont cibler et éliminer spécifiquement les lymphocytes B autoréactifs responsables de la production des autoanticorps. Dans le cadre du LES, les études cliniques ont révélé que l’administration de CAR T-cells anti-CD19 entraîne une déplétion profonde et durable des lymphocytes B pathogènes, conduisant à une rémission clinique chez la majorité des patients traités. Les résultats montrent une amélioration notable des paramètres cliniques, tels que les scores SLEDAI (SLE Disease Activity Index) et la réduction des autoanticorps anti-dsDNA. Certains patients ont même pu interrompre l'utilisation de corticostéroïdes et d'autres immunosuppresseurs, marquant une avancée significative dans la prise en charge de la maladie.
Des résultats similaires ont été observés dans d'autres maladies rhumatismales auto-immunes. Par exemple, les patients atteints de MII ont montré une réponse clinique majeure après traitement par CAR T-cells et ceux atteints de ScS ont vu leur score d'activité EUSTAR diminuer, permettant l'arrêt complet des traitements immunosuppresseurs. Concernant la tolérance, les CAR T-cells ont montré un profil globalement favorable, sans cas de syndrome de libération de cytokines (CRS) de grade élevé ni de neurotoxicité associée aux cellules effectrices immunitaires (ICANS). Cependant, un suivi à long terme et des données supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats (Müller F et al. NEJM 2024).
En conclusion, le traitement par CAR T-cells pourrait représenter une avancée majeure pour les patients atteints de LES et d'autres maladies rhumatismales auto-immunes résistantes aux traitements classiques, offrant une nouvelle approche pour induire des rémissions prolongées sans traitement immunosuppresseur continu. Des études supplémentaires sont cependant nécessaires pour évaluer les résultats à long terme et garantir la tolérance de ce traitement innovant.
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