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Maladies rhumatismales

Publié le 26 aoû 2024Lecture 5 min

EULAR 2024 : ce qui change dans la prise en charge des maladies rhumatismales inflammatoires

Odile CHOUBERT, Toulouse

Lors du congrès de l’EULAR 2024, Jacques-Éric Gottenberg (France) a mis en lumière les thérapies ciblées pour les patients ayant un historique de cancer. Maarten de Wit, Emma Dures et Peter Mandl ont respectivement actualisé les directives sur l'implication des patients dans la recherche, la prise en charge de la fatigue et les recommandations en imagerie des arthropathies cristallines.

  Initiation des thérapies ciblées chez les patients atteints d'arthrites inflammatoires avec un historique de cancer, par Jacques-Éric Gottenberg (France) L'arthrite inflammatoire, telle que la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite, est généralement traitée par des thérapies ciblées telles que les DMARDs biologiques et synthétiques. Cependant, l’initiation de ces traitements chez les patients ayant des antécédents de cancer soulève des inquiétudes en raison du risque majoré de récidive ou de développement d'un nouveau cancer. Aujourd’hui, il existe un manque de données cliniques spécifiques pour guider les rhumatologues dans ces situations complexes. Les recommandations de l'EULAR soulignent ainsi que le traitement antirhumatismal ciblé approprié peut être initié sans délai chez les patients en rémission, en se basant sur l'activité de la maladie et les facteurs pronostiques liés au cancer. Toutefois, chez les patients ayant des antécédents de cancer, les inhibiteurs de JAK et l'abatacept doivent être utilisés avec prudence et seulement en l'absence d'alternatives thérapeutiques. En ce qui concerne les patients ayant des antécédents de cancers solides, les anti-TNF et les anti-IL6R semblent être préférés par rapport à d'autres traitements, en raison de leur profil de risque plus favorable en matière de récidive cancéreuse. Lorsque la mise en place d'une thérapie ciblée antirhumatismale est nécessaire chez des patients ayant des antécédents de lymphome, une déplétion lymphocytaire B peut être privilégiée par rapport à d'autres options thérapeutiques. Enfin, chez les patients atteints d’un cancer qui ne sont pas en rémission et ayant une arthrite inflammatoire active, la décision d'initier une thérapie ciblée antirhumatismale doit être partagée entre le patient, l’oncologue et le rhumatologue, en mesurant les risques potentiels de récidive du cancer liés aux traitements antirhumatismaux et les risques de non-traitement de la maladie inflammatoire.   Implication des patients partenaires de recherche en rhumatologie, par Maarten de Wit (Pays-Bas) Depuis la publication en 2011 des recommandations de l’EULAR concernant l'implication des patients partenaires de recherche (PRP) dans la recherche en rhumatologie, le rôle de ces PRP a considérablement évolué. Cette évolution a rendu nécessaire une mise à jour : un groupe de travail composé de 13 chercheurs, 2 professionnels de santé et 10 PRP a été constitué. Les recommandations actualisées concernant l'implication des PRP dans les projets scientifiques sont désormais davantage fondées sur des preuves. Elles couvrent des aspects divers tels que le type de recherche (y compris la recherche fondamentale et translationnelle), l'implication dès la conception du projet de recherche, le nombre recommandé de PRP, ainsi que le soutien, la formation et la reconnaissance des PRP. Ces recommandations abordent également de nouveaux sujets, notamment le soutien et la formation des chercheurs, le rôle d'un coordinateur PRP et la nécessité d'un suivi et d'une évaluation réguliers. Le niveau d'accord parmi les membres du groupe de travail était élevé, variant entre 9,16 et 9,96 sur une échelle de 10. Cette mise à jour des recommandations vise ainsi à améliorer la qualité des partenariats de recherche, ce qui devrait mener à des résultats à long terme plus favorables pour les patients.   Gestion de la fatigue dans les rhumatismes inflammatoires et maladies musculosquelettiques, par Emma Dures (Royaume-Uni) La fatigue est un symptôme fréquent des maladies rhumatismales inflammatoires et musculosquelettiques. Le groupe de travail de l'EULAR a ainsi élaboré des recommandations à partir d’une revue systématique de la littérature et sur l'expérience clinique. Les principes directeurs mettent en avant la nécessité pour les professionnels de santé de reconnaître que la fatigue chez les patients atteints de maladies rhumatismales inflammatoires et musculosquelettiques est un phénomène complexe qui englobe des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux, dont la reconnaissance doit guider la prise en charge clinique. Il est également essentiel que la fatigue soit surveillée et évaluée régulièrement, et que des options de prise en charge adaptées soient proposées aux patients. Parmi les recommandations clés, l'EULAR suggère aux patients une activité physique adaptée à leurs besoins spécifiques, ainsi que des interventions psychoéducatives personnalisées. De plus, si cela est cliniquement justifié, l'initiation ou la modification d'un traitement immunomodulateur devrait être envisagée. La prise en charge de la fatigue doit être centrée sur le patient, en tenant compte de ses besoins, de l'activité de sa maladie, de ses comorbidités et de facteurs psychosociaux, via une décision partagée. Le niveau d'accord parmi les experts était très élevé avec une moyenne allant de 9,4 à 9,9 sur une échelle de 10.   Utilisation de l’imagerie dans le diagnostic et la prise en charge des arthropathies à cristaux dans la pratique clinique, par Peter Mandl (Autriche) L'objectif principal de cette initiative était de formuler des recommandations fondées sur des preuves pour l'utilisation de l'imagerie dans la gestion clinique des arthropathies induites par les cristaux (AIC), notamment la goutte, la chondrocalcinose et la maladie des dépôts de cristaux de phosphate de calcium basique. Un groupe d’experts internationaux a formulé 14 questions clés sur l'imagerie des AIC, évaluant diverses techniques comme la radiographie, l'échographie, le scanner et l'IRM. Ils ont ensuite développé 5 principes directeurs et 10 recommandations spécifiques pour guider l’utilisation de l'imagerie dans la prise en charge des AIC. Ces recommandations couvrent des aspects essentiels tels que le diagnostic des AIC, la surveillance de l'inflammation et des dommages articulaires, la prédiction des résultats cliniques, l'évaluation de la réponse au traitement, ainsi que l'utilisation de l'imagerie pour guider les interventions médicales. En effet, l'échographie et le scanner ont été particulièrement recommandés pour le diagnostic précoce de la goutte, tandis que l'IRM est privilégiée pour évaluer les lésions inflammatoires plus complexes. De plus, l'imagerie joue un rôle clé dans l'éducation des patients, en leur permettant de visualiser l'évolution de leur maladie et la réponse aux traitements. Le niveau d'accord pour ces recommandations était très élevé, allant de 8,46 à 9,92 sur 10, montrant un consensus fort parmi les experts.

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