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Publié le 02 déc 2024Lecture 4 min

EULAR 2024 | Mise à jour des recommandations EULAR 2023-2024

Odile MOLY, Toulouse

Les recommandations EULAR 2023 et 2024, présentées par les experts internationaux Nina Osteras, Frauke Förger, Francesco Del Galdo et Annette H.M. van der Helm-van Mil, couvrent des pathologies emblématiques de la rhumatologie. Ces recommandations mettent à jour la prise en charge non pharmacologique de l'arthrose, l'utilisation des traitements antirhumatismaux pendant la grossesse et l'allaitement, ainsi que la prise en charge de la sclérose systémique. Des progrès ont également été réalisés dans la stratification du risque pour les patients souffrant d'arthralgies susceptibles de développer une polyarthrite rhumatoïde (PR).

Prise en charge non pharmacologique de l'arthrose de la hanche et du genou – par Nina Osteras (Norvège) Les recommandations EULAR 2023 insistent sur l'approche biopsychosociale dans la prise en charge de l'arthrose de la hanche et du genou. Elles mettent en avant l'importance de l'éducation, de l'exercice physique et de la gestion du poids. L'éducation permet aux patients de mieux comprendre leur maladie et de favoriser leur adhésion au traitement. L'exercice physique, incluant renforcement musculaire, aérobie et souplesse, est recommandé pour améliorer la fonction articulaire et réduire la douleur. La perte de poids, particulièrement chez les patients en surpoids ou obèses, est une composante essentielle pour atténuer les symptômes de l’arthrose. Ces recommandations insistent sur la personnalisation des soins et la participation active des patients dans les décisions thérapeutiques.   Utilisation des traitements antirhumatismaux des femmes en désir de grossesse et au cours de l’allaitement – par Frauke Förger (Suisse) Les recommandations EULAR 2024 proposent une mise à jour des directives concernant l’utilisation des traitements antirhumatismaux au cours du désir de grossesse, de la grossesse et de l’allaitement. Elles soulignent que certains traitements, tels que l'hydroxychloroquine et la sulfasalazine, sont sûrs pendant la grossesse, tandis que le méthotrexate doit être interrompu avant la conception en raison de son potentiel tératogène. Les anti-TNF peuvent être utilisés pendant la grossesse avec des précautions afin de limiter leur transfert placentaire en fin de gestation. En ce qui concerne l'allaitement, plusieurs traitements, dont les anti-TNF, sont compatibles avec une exposition minimale dans le lait maternel, réduisant les risques pour le nourrisson. Ces recommandations visent à concilier la prise en charge des maladies rhumatismales avec la préservation de la santé durant la grossesse et celle de l’enfant.   Mise à jour des recommandations pour la sclérose systémique (ScS) – par Francesco Del Galdo (Royaume-Uni) Les recommandations EULAR 2024 pour la sclérose systémique (ScS) mettent l'accent sur la gestion des manifestations fibrosantes, qu'elles soient cutanées ou pulmonaires, ainsi que sur le traitement de l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). Pour les patients atteints d’HTAP, il est préconisé d'utiliser une combinaison d'antagonistes des récepteurs de l'endothéline et d'inhibiteurs de la PDE5, avec des réévaluations régulières afin d'ajuster le traitement en fonction de l'évolution de la maladie. Parallèlement, la prise en charge de la fibrose cutanée et pulmonaire repose sur l’utilisation d’immunosuppresseurs tels que le méthotrexate, le mycophénolate mofétil ou le rituximab, tandis que le nintédanib est recommandé pour ralentir la progression de la fibrose pulmonaire. En cas de crise rénale sclérodermique, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine s’avèrent indispensables, avec une surveillance stricte de la pression artérielle pour éviter toute complication. Les recommandations couvrent également les manifestations gastro-intestinales : le reflux gastro-œsophagien est traité par des inhibiteurs de la pompe à protons, et les troubles de la motilité intestinale par des prokinétiques, assurant ainsi une prise en charge globale des différents symptômes liés à la sclérose systémique.   Stratification du risque de développer une polyarthrite rhumatoïde chez les patients présentant des arthralgies – par Annette H.M. van der Helm – van Mil (Pays-Bas) Le projet EULAR/ACR 2024 propose des critères pour identifier les patients présentant des arthralgies à haut risque de progression vers une polyarthrite rhumatoïde (PR). Ces critères stratifient les risques, plutôt que de classifier la maladie, en se basant sur des symptômes musculo-squelettiques (CSA, arthralgie cliniquement suspecte ou ACPA positifs), avec ou sans imagerie. Ils visent les patients en soins secondaires sans signes cliniques d'arthrite et dont les douleurs ne sont pas expliquées par une autre pathologie. Les critères couvrent plusieurs phases : facteurs de risque génétiques, auto-immunité systémique, apparition des premiers symptômes, arthrite indifférenciée et progression vers une PR. La définition de l’EULAR de l'arthralgie cliniquement suspecte permet de distinguer cette pathologie des autres symptômes musculo-squelettiques facilitant ainsi une évaluation précise du risque et une intervention précoce. En conclusion, les recommandations EULAR 2023 et 2024 apportent des avancées majeures dans la prise en charge de l'arthrose, de la sclérose systémique, ainsi que du désir de grossesse jusqu’à l’allaitement. Les nouveaux critères de stratification du risque EULAR/ACR pour les patients présentant des arthralgies permettent d'identifier plus précisément les individus à risque de progression vers la polyarthrite rhumatoïde, facilitant ainsi une prise en charge précoce.

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